Alessio Figalli, médaille Fields 2018

Alessio Figalli est un mathématicien italien, ayant été formé en Italie et en France.

Parmi ses faits d’arme, on peut notamment citer d’importants travaux, dont sa thèse sur la théorie du transport optimal. Il est possible, de manière un peu barbare mais appliquée, de la résumer à un objectif de trouver le réseau de transport optimal d’un point de vue du prix, du temps, ou de tout autre paramètre désiré, par exemple pour acheminer des matériaux à différentes usines. Ce même sujet l’a conduit à rien de moins qu’une médaille Fields en 2018, à l’âge de 34 ans. Rappelons au passage que les médailles Fields, équivalent en mathématiques du prix Nobel, sont décernées tous les quatre ans à des mathématiciens de moins de 40 ans.

Un cursus impressionnant et international

Alessio Figalli fait partie de cette nouvelle génération de mathématiciens du monde qui ont étudié et travaillé dans de nombreux pays. Il a suivi la majeure partie de ses études en Italie, où il entamera son Master à l’École Normale Supérieure de Pise.

Il viendra ensuite en France, recruté d’avance pour sa thèse, à l’École Normale Supérieure de Lyon pour le dernier semestre de sa maîtrise. Puis il restera à cette école le temps de terminer sa thèse, sous la direction de Cédric Villani (mathématicien et homme politique français), ainsi que de son homologue italien Luigi Ambrosio (professeur à l’École Normale Supérieure de Pise). Sa thèse intitulée Optimal transportation and action-minimizing measures portera sur son domaine de prédilection, et il la finira en un temps record de seulement un an et demi (contre 3 ans minimum généralement).

Juste après l’avoir terminé, mais avant sa soutenance, il trouvera son premier poste - en 2007 - à 23 ans, en tant que chercheur au CNRS et donnera cours à l'École Polytechnique pendant un an. Suite à cela, il enchaînera plusieurs postes aux États-Unis, avant de revenir de l’autre côté de l’Atlantique pour devenir professeur à Zurich, en Suisse.

Il a déjà publié durant sa jeune carrière un nombre impressionnant de travaux de recherche (plus d’une centaine de publications), et a déjà participé à l’écriture de 3 livres. Une telle activité lui vaut d’être régulièrement invité à des conférences et autres événements scientifiques, et de se voir récompensé de nombreuses distinctions. En effet, depuis 2006 où il reçoit son premier prix en Italie, le Benedetto Sciara Prize, il ne s’arrête plus et se voit gratifié de pas moins de 12 prix différents ; avant de recevoir en 2018 la reconnaissance absolue de ses pairs ; la médaille Fields. Cette récompense semble être sans surprise, mais ne génère pas moins de joie pour plusieurs de ses connaissances qui l’avaient déjà placé parmi les favoris pour 2018.

Le petit instant chauvin

Car quand on a quelques raisons d’être fiers, il ne faut pas s’en priver ! Avec Pierre-Louis Lions, qui a dirigé la thèse de Cédric Villani, ayant lui-même co-dirigé la thèse d’Alessio Figalli, nous nous retrouvons pour la deuxième fois dans l’histoire avec une lignée de 3 médailles Fields (respectivement en 1994, 2010 et 2018) ; tous ayant suivi au moins une partie de leur formation, et notamment leur doctorat, en France.

On peut aussi reconnaître l’intuition des institutions françaises ainsi que la confiance que l’École Normale Supérieure de Lyon et le CNRS ont placé en Alessio Figalli en le recrutant avant le début de sa thèse, et en l’engageant avant même la soutenance de celle-ci.

Mais même si le niveau de formation de nos institutions de haut niveau n’est plus à prouver, et que la France s’illustre régulièrement par ses mathématiciens, force est de constater que ceux-ci ont tendance à ne pas rester en France, et que le niveau d’enseignement mathématique national en secondaire est beaucoup plus modéré.

Restons cependant optimistes, car comme le dit Alessio Figalli, nous sommes dans un âge d’or des mathématiques et des sciences en général ; grâce notamment à internet qui permet d’échanger rapidement des idées scientifiques, aussi complexes soient-elles. D’après lui, de grands problèmes vont être résolus grâce à cette dynamique des échanges et à la mise en commun des idées dans la sphère scientifique internationale.